• Ca y est le grand voyage a commencé… J'ai fait l'admiration de mes parents en ayant mes 2 sacs pour toute valises: 1 devant, 1 derrière. Ils contiennent 12 mois de médicaments, mes affaires de camping (tente, sac de couchage et tapis de sol), des vêtements pour l'été, pour la montagne, pour le bureau, sans compter mes ordi, appareil photo, dictaphone et carnet pour pouvoir retransmettre fidèlement ce que je vivrai.

    Je suis en correspondance en pleines limbes, dans ce no man's land entre ce que je quitte et ce que je vais trouver, entre la nostalgie et l'anticipation joyeuse, entre le jour et la nuit…


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  • Si peu de temps s'est écoulé et déjà tellement à raconter que je ne sais pas par où commencer...

    Premières impressions: le soir de mon arrivée

    A mon arrivée je suis accueillie à l'aéroport par David, mon "supervisor". Il est un peu moins baroque en vrai qu'il ne l'était dans ses mails, ouf! Par contre, autre surprise, il est tout petit! Il fait au moins une tête de moins que moi. Je vais m'habituer à la différence de taille assez vite, parce que dans toute l'équipe de Peace Builders je fais géante avec mon 1 mètre 67... Il est 22h quand j'arrive mais on va encore à Coffe For Peace, le café où ils servent le café de Coffee For Peace. Là m'attendent Joji, que je revois avec plaisir, Dawn la fille que j'avais vue sur Skype et Byron, le fils des Pantoja, qui travaille entre autre au café. Je suis attendue aussi par un grand verre de jus de mangue frais, et je peux confirmer que les Philippines ont effectivement les meilleures mangues du monde!

    Je suis frappée par la chaleur et l'humidité, même si je m'y attendais. Quant à la ville de Davao, elle est assez surprenante entre modernité et voie de développement. Il n'y a pas de trottoirs, on marche à côté des voitures et on circule 1) en taxi, il y en a treize à la douzaine, 2) en jeepney, c'est des genre de jeep/camionnettes super décorées qui font taxi-bus avec un circuit défini, et 3) en [nom insaisissable], moyen de transport entre le side car et le monopousseur pour les petites distances. 

    Le premier jour

    Le lendemain, c'est mon premier jour aux Philippines. David passe me chercher ce matin après une nuit qui m'a semblé bien courte, on passe la journée ensemble. Au programme: me trouver un truc à manger pour le petit déj qui fasse pas trop choc culturel (on finit à la waffle house), changer les euros que j'ai, retirer d'autres pesos, visiter ce qui sera mon studio ( je dors en ce moment dans un petit hôtel), rencontrer l'équipe au bureau Peacebuilders, acheter ce qui manque pour que je puisse m'installer dans mon studio, et me montrer la ville en général, si on a le temps passer au forum sur le cybercrime dans l'après midi.

    Plan qui est tout chamboulé quand à midi Dann nous annonce qu'on part pour Tacloban demain. “Il est important d'être flexible” qu'ils disaient dans le carnet d'accueil… Il nous fait un portrait assez inquiétant de l'endroit. Les morts partout, qui s'élèvent auj à 5014 et 1600 disparus, les corps dont on a prélevé un marqueur ADN avant de les enterrer à la fosse commune mais sans moyen de le préserver, le trafic humain qui s'installe avec tous ces enfants sans parents, la corruption, les combats pour monopoliser la nourriture et l'eau, les pillards qui se font abattre à bout portant par le maire "Judge Dredd", les vieilles rancœurs entre ethnies qui empêchent les uns de porter secours aux autres…

    Dann me demande de remplacer “Bennette” à la coordination logistique. Je flippe d'aller là-bas, de pas être à la hauteur, de me retrouver coincée dans une situation désagréable (d'autant plus qu'il semble que ça arrive régulièrement: David a été capturé par l'armée avec un lieutenant fou qui a joué sa vie à pile ou face avant qu'il ne s'échappe, Dawn a été enlevée et “intensément interrogée” par la guérilla…)

    Finalement on part après demain et pas demain, ce qui est plutôt rassurant. Dann m'assure qu'il me voit bien faire ce travail, et que j'aurai du soutien. J'espère, mon pote…

    Le soir, Dawn m'emmène boire un verre en ville. Elle est super chouette et le courant passe bien. L'équipe est ravie d'apprendre que j'aime la bière, et moi ravie qu'ils soient ravis!

    Le deuxième jour

    Je prends le taxi seule pour la première fois, pour aller de mon hôtel au bureau de PeaceBuilders. C'est bien ma veine, le chauffeur s'est évidemment paumé. Je le guide comme je peux avec les batiments connus alentours (et ceux qui connaissent mon sens de l'orientation savent à quel point je me repère facilement ;-)) Quand finalement on arrive, David m'attend anxieusement à l'entrée. Joji lui avait dit que si je ne revenais pas c'était sa tête qui tombait :)

    Les bureaux de PeaceBuilders sont en fait une petite maison: avec une cuisine et salle à manger au rez de chaussée où on mange ensemble les repas de midi et du soir en mode super familial, et à l'étage les chambres/bureau, un pour les "consultants" (dont moi), un pour l'administratif et un pour la direction. 

    A midi, Dann me dit que finalement il a un meilleur job pour moi que la logistique, et que mon rôle est maintenant de témoigner de ce qu'il se passe à Tacloban pour informer les mennonites en France (flexibilité on vous dit!). Mais c'est cool, ça me plaît beaucoup mieux et je me sens plus compétente pour faire ça. Départ, demain matin! (cette fois c'est sûr) (enfin je crois)


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  • Fin de ma mission à Leyte! J'ai rempli comme j'ai pu mon rôle de journaliste (le récit de la mission est sur le blog des éditions mennonites et sur le site du DEFAP, c'est le début de la gloire!) 

     

    C'était ma première immersion en milieu de secours d'urgence... Et j'ai adoré! Je pensais pas que mon passé scout me servirait autant, mais ça m'a bien aidé et dans l'ensemble je me sentais plutôt dans mon élément. Il faut dire que j'étais aussi super bien entourée et que je m'attendais à une situation bien pire! Je m'étais préparée à passer 10 jours sans douche, dans une chaleur atroce, en campant dans le hall d'un hôtel délabré avec un toit qui fuit... et on avait en fait une chambre, avec une porte et une cabine de douche/toilettes qui marche! Du coup ça faisait vraiment luxe, même si je partageais la chambre avec David, Byron, Toto et un certain nombre de cafards. 

     

     

     

    Je reviens sur ce que j'ai pu dire sur David, il est quand même plutôt comique,  en mode "petit lutin". Il essaie de m'apprendre le tagalog mais je ne suis pas sûre de lui faire tout à fait confiance. Exemple: à "*Kumusta?* (Comment ça va?), il m'apprend à répondre "Ca va, regarde je suis belle [en gloussant derrière le dos de ma main comme les méchantes des mangas]" et assure que c'est ce que tout le monde répond. Byron est le fils de Dann et Joji, il parle surtout anglais et c'est souvent lui qui s'assure que je comprends ce qui se passe quand tout le monde discute en tagalog. C'est le photographe de l'équipe. Enfin, Toto est le chauffeur de PeaceBuilders, il a une histoire de malade mais je ne peux pas la raconter sur internet (désolée!) 

     

    Les 3 garçons prennent super bien soin de moi, j'ai l'impression d'être une princesse! :) Dans la chambre, alors qu'ils sont les 3 par terre sur une bâche, je dors dans le seul lit, sur le seul matelas, avec la moustiquaire et l'oreiller... Bref c'est parfois un peu gênant mais c'est super flatteur! D'ailleurs les hommes ici sont en général très galants, à l'ancienne: ils tiennent la porte, marchent du côté de la route...

     

    Leyte, c'est fini

     

    Cette semaine on était surtout sur la route, d'abord pour faire le tour des villes de Leyte et s'assurer qu'elles ont toutes reçu de l'aide, ensuite pour retrouver le plus de pasteurs possibles. Toto conduit comme un pilote de rallye, à 140 dans les petites routes de montagne. Au début je flippe un peu mais tout le monde dans la voiture lui fait une confiance absolue alors j'essaie de me détendre.

     

    Cela dit je suis contente de rentrer! A priori je ne retournerai pas tout de suite à Leyte, pas avant d'avoir entamé ma formation en tous cas. La prochaine étape c'est de m'installer dans ma chambre permanente, et j'ai assez hâte de défaire mes bagages!


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  • Ca y est j'ai une chambre! C'est d'ailleurs presque un studio, il y a la place de mettre au moins 2 matelas par terre et Joji a même missionné les garçons pour m'apporter un canapé! Le "coin cuisine" c'est juste un lavabo et une table. J'ai acheté un distributeur d'eau potable qui fait aussi frigo et eau chaude, et après ça il paraît que je n'ai besoin de rien d'autre. C'est tellement pas cher de manger dehors qu'il y a plusieurs personnes qui n'ont même pas de cuisine, ou alors qui ne l'utilisent pas. De mon lit j'entends les vendeurs de "balot" qui klaxonnent sur leur vélo. Vous vous souvenez des "balot"? C'est les oeufs de canard de 21 jours, ils sont pochés et on mange le foetus en entier. J'ai toujours pas eu le courage d'essayer...

    J'ai retrouvé mardi soir Sharon, mon amie américaine qui était avec moi au Paraguay en 2009. Elle termine un stage de 6 mois avec le Secours Catholique. On va au resto, on parle un peu de la culture, je lui pose les questions qui commencent à venir... Le truc qui m'embête le plus en ce moment, outre le fait que je suis tout le temps larguée parce qu'ils parlent surtout tagalog, c'est que je ne sais jamais ce qui est définitif et ce qui ne l'est pas. Le programme de la journée n'est jamais celui que David a annoncé, ou parfois il dit qu'on va faire quelque chose et finalement on fait le contraire, ou on fait un projet et quand je reviens dessus pour demander où on en est, je n'ai pour réponse que des regards étonnés "ah tu veux faire ça?". Sharon rit aux éclats devant son assiette, ça lui est aussi arrivé et c'est assez typique. En plus au Defap j'avais été prévenue, en Asie on répond souvent dans ton sens pour te faire plaisir, ou juste pour montrer qu'on a entendu ce que tu as dit. Ca ne m'empêche pas d'être un peu paumée: comment distinguer les infos concrètes des autres?

    Il y a énormément d'ONG à Davao qui s'occupent de la paix. Après le repas, Sharon m'emmène chez un couple d'allemands qui projettent tous les mardis soirs un film indépendant dans leur salon. C'est un peu devenu le rendez vous des expats et je suis super contente d'être dans un groupe qui parle anglais! Et puis comme plusieurs d'entre eux travaillent pour des ONG, il y a moyen qu'on se recroise! Ils parlent même de louer un bateau pour faire un tour en mer autour de Noel: c'est cool parce que je suis toujours pas trop sure de mon programme.

    Mercredi, jour de mon anniversaire, je recois au boulot un colis magnifique! un grand MERCI à tous ceux qui ont participé! Les lettres m'ont accompagnée de mon arrivée au travail jusqu'au retour du karaoke où m'ont emmenée (de gauche à droite) John Mel, Dawn et David. (et je suis surprise de découvrir une photo énorme de la fontaine Saint Michel au fond d'un club à Davao)

    Je m'installe

     

     


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  • Vendredi après-midi, alors que je racontais à ma mère que je ne savais jamais trop ce qui se passait, Joji déboule dans le bureau pour annoncer qu'on part samedi à 6h rencontrer un village qui aimerait démarrer une plantation de café. David me dit qu'il passera me chercher à 5h30 pour qu'on puisse partir à 6h. 

    Samedi matin, à 5h30 je suis prête. A 6h20, David déboule et on rejoint Joji et Byron pour un petit déjeuner rapide. On retrouve ensuite Toto, sa femme Dak qui est formatrice dans une école d'infirmière et toute une promo d'infirmiers. Les élèves sont 20 dans la camionnette qui roule devant nous (je sais pas comment ils sont tous rentrés), ils viennent faire leur journée de service communautaire. Byron m'explique que tous les étudiants sont tenus à 2 samedis par mois de service communautaire, en général ils font de l'animation pour les enfants. On roule jusqu'à une première ferme où tout le monde sort pour saluer le capitaine du barangay. 

    De là il faut plus ou moins faire du hors piste. C'est à dire qu'il y a une piste, mais entre les crevasses, les grosses pierres et les zones marécageuses, on aurait préféré qu'il n'y en ait pas. On sort régulièrement pour alléger le 4x4 et guider Toto, et on arrive à bon port après 30 min à serrer les dents.

    C'était plus impressionnant en vrai!

    Sur place, le capitaine du barangay nous rejoint et on commence à discuter, pendant que les élèves s'installent sur une scène pour leurs animations. David me traduit le début de la discussion, puis sort parce qu'il en a marre. En gros, le village aimerait commencer une plantation de café, et Joji leur demande de surtout entrer en contact avec le gouvernement pour qu'ils aplannissent un peu la route: c'est bien la peine de produire du bon café si c'est pour que le camion s'embourbe en quittant les champs. Après je sais pas trop ce qui s'est dit. Au bout d'un moment je finis aussi par sortir, et on attend. Ici on attend beaucoup et on attend souvent.

    En attendant, on nous sert du riz sucré enroulé dans des feuilles de bananier. C'est super bon mais ça cale. 1 à 2h plus tard, Dak nous apporte des grands verres de congee (un genre de soupe de riz)  pour "patienter jusqu'au repas". Quand on nous appelle pour le repas 1h plus tard, je n'en peux plus de manger, mais tout le monde me regarde. Alors c'est reparti pour une assiette de riz!

    Tout à coup c'est l'heure de repartir. Sur le chemin on s'arrête: il y a des arbres à cacao et Joji veut me montrer le fruit. C'est la révélation: le cacao est un fruit! J'imaginais quelque chose un peu comme les noix, mais en fait c'est gluant et sucré, c'est vraiment bon!

    Une première visite dans la montagne

    De gauche à droite: Byron, moi-même et Toto (qui me rappelle que je disais très récemment que j'avais trop mangé et que si maintenant je tombe malade je ne pourrais m'en prendre à personne!)


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