• J’ai changé d’aquarium!


    A mon arrivée aux Philippines, Max Wiedmer des SMM (services missionnaires mennonite) en Suisse m’avait mise en contact avec une famille de missionnaires suisses qui (le monde est petit) vivaient a Davao, à 5 min de marche du bureau.
    Les Wagner se préparaient à rentrer en Suisse pour 1 an et cherchaient quelqu’un pour reprendre leur maison pendant leur absence. Ça tombe bien, je commençais à me languir dans ma mini chambre sans cuisine.

    Ils sont partis à la mi-juillet, et je me suis installée chez eux. Et c’est dire si j’en profite ! Jugez par vous-mêmes :

    La maison

    Je suis l’heureuse occupante d’une maison avec cuisine (dont four!) et salle à manger, avec une grande chambre super bien aérée. Il n’y a plus de bruits de rue pour me réveiller la nuit, j’entends les criquets et les oiseaux, je suis au bureau en quelques minutes à pied dans un paysage de campagne… Bonheur ! J’ai un doute sur mes rideaux quand même, j’ai l’impression qu’ils ne sont pas très « moi »

    A l'interieur


    Il y a aussi un jardin, avec une maison perchée (que je ne sais pas comment atteindre), un arbre a « sili » que je n’ose pas gouter parce qu’ils ont l’air de vraiment arracher, et des plants d’aloe vera qui se montreront tres utiles lors de mon prochain coup de soleil.

    le jardin


    Enfin, j’ai de la compagnie ! En plus des poissons rouges et du chien, j’ai des colocs en arrivance. La première, Mila, est déjà là. Une autre philippine devrait s’installer dans 1 semaine, et 2 allemandes nous rejoindront fin aout. C’est le début d’une nouvelle ère !


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  • Ces dernières semaines ont été assez chargées au travail, mais cette fois par du café et pas des conflits! La grande vision de PeaceBuilders c'est de participer à construire la paix aux Philippines, et une des briques de cette construction est la lutte contre la pauvreté. C'est comme ça qu'ils ont lancé "Coffee for Peace", une entreprise solidaire qui vend du café commerce équitable. Nous travaillons avec plusieurs communautés de cultivateurs, sur 3 montagnes de Mindanao (le café Arabica pousse au-delà de 800m d'altitude). La communauté la plus récente vit sur le Mont Apo, et a été formée à la culture du café l'année dernière.

    Le rush de ces dernières semaines, c'est que nous avons reçu d'un côté une commande de 600kg de grains de café verts, et d'un autre côté la livraison de 2 tonnes de baies de café par les nouveaux cultivateurs du Mont Apo, qui n'ont pas encore les moyens techniques de récupérer les grains à partir des baies. Nous recevons en général des autres communautés les grains déjà traités. Dans un monde idéal on les enverrait tels quels à la commande, mais dans les faits le processus passé laisse souvent à désirer. Nous voilà donc 1) en charge du processus complet des 2 tonnes de baies aux grains, et 2) à trier des tonnes de grains verts livrés… et c’est un sacré boulot !

    Une petite idee du processus en photos:

    Les baies de cafe

     1 - Les baies de café sont livrées

    2 - On commence par les laver, et retirer les "flotteurs" qui donneraient du café sans gout.

    3 - On en profite pour dégager aussi les baies pas mures, ou trop mures

    4 - C'est le moment de "dépulper" pour récupérer les noyaux! Sur la photo il y a une machine, mais elle nous a lâché au moment crucial la semaine dernière et on a du faire les 3/4 a la main, c'était ultra crevant (et aussi, un peu répétitif)

     

     

    2eme partie

    5 - Quand la machine a fait son œuvre, il reste souvent des grains dans la pulpe. On part à la chasse!

    6 - Pareil, il reste de la pulpe dans les grains. On attaque.

    7 - Ensuite on lave les grains jusqu'à ce que l'eau soit claire, et on les laisse dans leur dernier bain pour environ 24h

    8 - Apres la fermentation de 24h, on les fait sécher! Pendant qu'on s'acharnait sur nos baies, il y avait 3 menuisiers qui construisaient en vitesse des lits de séchage... Il faut dire que c'est notre première expérience!

    Les grains sont secs

    9 - Après 2 semaines environ, les grains sont secs mais sont recouverts d'une peau. On peut les utiliser tels quels comme graines pour faire pousser les prochaines plantes, mais pour le café il faut s'en débarrasser. La machine nous aide.

    10 - Rebelote, on va devoir peaufiner à la main

    11 - Nos grains sont tout propres, mais ce n'est pas encore fini! Il faut les trier pour s'assurer d'une bonne qualité. On fait ça depuis presque 1 mois, parfois à l'intérieur, parfois sur la terrasse du bureau

    12 - Voilà la terrasse, et l'équipe qui trie ce jour-là. La photo a été prise pendant la très essentielle merienda (le gouter)

     

    Le tri

    "Mais qu'est-ce que vous triez exactement?" La réponse sur la photo. Les "bad beans" (qui sont trop fermentés, qui ont perdu leur âme, qui ont été ronges par des insectes etc.) sont destinés au compost. Les "broken beans" (cassés ou trop petits) passent en café classe C: ce sont ceux-là que le coffee shop utilise pour les cocktails, quand il y a tellement d'autres ingrédients qu'on remarque a peine le café lui-même. Les "good beans" sont ceux que nous utilisons ou vendons. Enfin, le graal, l'"awesome bean" a réussi à garder sa belle couleur jade pendant tout le processus et donne un café délicieux, classe A.

    Ca y est vous savez tout!


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  • Les Philippins adorent manger et sont très fiers de leur cuisine, sans tout à fait comprendre pourquoi elle n'est pas reconnue à l'étranger. Un exemple assez frappant de ce qu'ils aiment est celui des mannele (brioches) que j'ai une fois apportés au travail. Mes collègues étaient unanimes: c'est bon mais ça serait meilleur avec du fromage/des oignons.

    Au début de mon séjour ici, je tolérais la cuisine locale (nous avons une cuisinière à demeure au bureau et partageons les déjeuners et les dîners) mais passais mes weekends à rechercher des repas un peu plus internationaux (autre chose que du riz, du poulet ou du poisson).

    Je me réjouissais d'avoir une cuisine pour pouvoir enfin cuisiner ce que j'ai envie de manger... mais maintenant que j'en ai une je réalise que je me suis plutôt habituée aux goûts philippins, et que la liste des plats locaux que j'aime grandit de plus en plus.

    Et finalement, quand mon amie Chi (pas sur le trombinoscope) m'a proposé qu'on cuisine ensemble j'étais toute contente de pouvoir lui demander de m'apprendre à cuisiner philippin.

    Chi aux fourneaux

    Au menu de samedi soir: du riz (bien sûr), adobo de poulet et pommes de terre (= mijotes dans un melange de vinaigre et sauce soja), et soupe de haricots mungo au lait de coco. Chi est très bonne cuisinière et le repas était vraiment bon! J'espère que je saurai refaire ça seule une fois que je serai de retour en France. Maya, Louise sa coloc, Sly que je ne connaissais pas et Mathias du Cine Trinidad nous ont rejoint pour le repas et ont aussi donne un coup de main!

    Sly et Louise

    Sly et Louise pressent la noix de coco rapee pour extraire le lait

    Ci dessous, chacun avec son instrument:

    Repas philippin

    De gauche a droite: Sly, Louise, moi, Chi, Mathias et Maya


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  • Me voila a Kalinga, dans les Cordilleras au nord de Luzon, jusqu'a fin septembre. J'y rejoins Twinkle, qui aimerait mettre en place une communaute PeaceBuilders dans sa region, avec aussi le cote cafe fair trade. Elle a deja des contacts par son boulot normal (elle travaille au Departement du Gouvernement Local) avec des cultivateurs et des communautes qui sont interesses par la formation au cafe.

    Ma mission est de l'accompagner dans ces differentes visites, d'y presenter PeaceBuilders, eventuellement d'animer la partie 'Paix et commerce equitable' de la formation, d'animer au passage d'autres formations a la fabrication de savon, et de revenir avec tout plein d'articles.

    En parallele, j'en profite pour decouvrir de pres la culture Kalinga. Les Kalingas sont une tribu de guerriers.

    * Attention: quand je parle de "tribu", je garde le terme local pour definir un groupe ethno linguistique. Ne m'imaginez pas dans un village de bambou, au milieu de femmes en pagne et d'hommes torse nus: les Kalingas s'habillent comme vous et moi, vivent en ville ou a la campagne et ont des jobs au gouvernement :) *

    Quand j'ai evoque leur reputation de coupeurs de tetes, la famille de Twinkle m'a repondu de ne pas m'attacher a cette information "prise hors contexte". De fait, plus j'apprends, plus je realise la richesse de leur culture et de leur histoire. Je me rejouis de la decouvrir toujours plus et j'essaierai de vous la partager par morceaux durant mon sejour ici.


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  • Dans la maison où je loge à Tabuk (Kalinga), chez Uncle Johnny et Auntie Agnes (des parents de Twinkle), nous recevons régulièrement la visite de cousins, oncles, grands-oncles. Jeudi dernier, c'était Uncle Erwin qui était là pour jeter un oeil aux invités de Twinkle. Uncle Erwin est un grand monsieur tout maigre de 86 ans, qui m'a fait un peu penser à Compay Secundo (le chanteur du Buena Vista Social Club): on sent l'humour derrière l'air grognon, le sourire qui essaie de se cacher.

    J'en raconterai plus sur les Kalingas dans un autre post parce que leur culture est vraiment passionnante, mais ce que vous devez savoir c'est que les Kalingas sont une tribu de guerriers. Uncle Erwin a encore en travers de la gorge un commentaire de Churchill sur les Igurot (une des tribus d'à côté). Churchill aurait dit: "In matters of war, the Igurot are second to none. Give me 5000 Igurot warriors and we will conquer the world".

    Uncle Erwin grommelle. "The Igurots! Second to none, second to none... What does that even mean? That's not Filipino English!"

    Ca m'a beaucoup amusé, mais surtout ça m'a fait prendre conscience que les Philippins ont créé leur propre anglais. Laissez moi vous présenter mes adaptations préférées:

    1) Les traductions directes du tagalog

    L'exemple le plus frappant, c'est "to know how to", qui ne veut pas exactement dire "savoir comment". A table, on me demande: "Do you know how to eat rice?", "Do you know how to eat bittergourd?". Au début, je répondais "Ben oui, c'est bizarrement similaire à manger n'importe quoi d'autre", ou "Oui, j'ouvre la bouche et puis je mange". Mais mes réponses, même si elles me faisaient rire intérieurement, m'attiraient en général quelque chose entre le silence gêné et le sourire poli. Et j'ai appris qu'en fait "know how to" ça veut plutôt dire quelque chose comme "aimer faire". C'est pour ça que quand la tante de Twinkle m'a dit "I don't know how to use an umbrella", j'ai su que je ne devais pas répondre "c'est facile, si tu veux je te montre comment faire" mais bien "moi non plus, je le perds tout le temps"

    2) Les utilisations approximatives des voyelles (et aussi un peu des consonnes)

    Il n'y a pas de son "f" ou "v" en tagalog ni en visaya, du coup quand ils parlent anglais ils les remplacent par p ou b. Comme la plupart en sont conscients ils font attention à prononcer certains p en f... Mais pas nécessairement ceux qui étaient des f à l'origine.

    Pour les voyelles, c'est un autre combat. Il n'y a en tagalog que 5 sons voyelles (et en bisaya 3). Les subtilités des voyelles longues ou courtes en anglais passent donc à la trappe. Attention aux mots qui se ressemblent! Sur un chemin de gadoue où mon guide philippin avait le pied bien plus sûr dans ses flip-flops que moi dans mes chaussures de marche, je lui ai demandé "do you never slip in the mud?" Il m'a regardé d'un air qui semblait dire "why would I ever do that?"

    3) En fait, une toute autre approche des mots

    Les philippins semblent avoir une préférence pour les mots anglais de 3 syllabes, surtout quand ils ont un synonyme beaucoup plus courant. Une station de pneu est "vulcanizing shop" (au lieu de tyre shop), personne ne dit "pee" mais "urinate", un administratif m'expliquait qu'il affichait ses informations dans des endroits "conspicuous"...

    Certaines expressions ont même complètement changé de sens: je me souviens d'une conférence où l'oratrice avait parlé de la situation des agriculteurs qui n'avait pas changé depuis 100 ans malgré la présence de Nestlé, et ajouté "no pun intended". Dans la voiture sur le chemin du retour, j'avais cherché le pun en vain:

    "There was no pun at all! No pun whatsoever!

    - exactly, there was no pun...intended!

    Jusqu'à ce que je capte que "pun" a changé de sens en traversant l'océan. Ici un pun c'est une pique, une provocation. Pas un jeu de mots.


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