• Un an, déjà!

    J’ai fêté hier mes 1 an aux Philippines! Voilà 12 mois qui ont passé très vite, alors que mon arrivée est encore fraîche dans ma mémoire. Un an c’est le moment de faire le bilan, calmement, en s’remémorant chaque instant… Point sur mon année et ce qu’elle m’a appris.

    Danser et chanter en public

    Je n’ai jamais été très à l’aise à l’idée de me donner en spectacle. Mais aux Philippines, où le karaoké est une activité de choix et où toutes les conférences, réunions ou célébrations traditionnelles se vivent en dansant et chantant, je ne pouvais pas vraiment y échapper. J’ai vite appris que refuser n’était pas une option, et ne servait qu’à attirer encore plus d’attention.

    En fin de compte, « the best way out is through » et le secret c’est de se lâcher comme si on était seul dans sa chambre. Maintenant ça me vient plus naturellement, et j’ai même plaisir à participer à ce genre d’événement, même si je sais que je risque de me retrouver sur scène.

     

    Un an, déjà!

    Au Mindanao Social Business Summit, Raul (au fond) commence a jouer du tambour et tout a coup des gens dansent devant le stand

    Gérer les hauts et les bas (enfin, surtout les bas)

    Loin de ma famille et des amis avec qui j’ai une histoire, ce n’est pas toujours facile d’affronter les baisses de moral ou les moments plus difficiles. Les quelques-uns que j’ai traversés m’ont appris à les vivre plus sereinement. Je sais que ces moments ne durent pas, et que je peux choisir de m’y complaire ou essayer d’orienter mon train de pensées dans une autre direction.

    J’apprends à demander de l’aide (ce qui n’a jamais été facile pour moi) et à reconnaitre mes émotions. J’ai vu un film où un personnage disait « Les émotions c’est comme les enfants : ne les laisse pas conduire la voiture, mais ne les enferme pas dans le coffre non plus » Facile à dire, mais pas toujours facile à faire. J’y travaille, et je grandis.

    les emotions

    L'image vient du nouveau Pixar, Inside Out :)

    Constater les revers de la globalisation

    Aux Philippines, je retrouve certaines marques que je connais depuis longtemps, et qui ont en France une réputation familiale – comme Nestlé. Bien sûr, on sait tous que c’est une boite immense, mais je n’avais pas vraiment conscience de ce qui se passait à l’autre bout de la chaine de production/distribution. Des villages entiers sont réquisitionnés à coups de grandes promesses par Nestlé pour planter du café, ou par Dole pour planter des ananas ou des bananes.

    Une fois que tous les champs du village sont « annexés », les middle men font baisser les prix en montant les cultivateurs les uns contre les autres « Ton voisin me vend ses ananas moins chers » ou « Oui, je donne plus au type de l’autre bout de la rue, mais on a un arrangement ». Sans parler des tonnes de produits chimiques qui sont vaporisés d’office sur tous les champs et qui rendent les enfants malades.

    Bien sûr, j’avais entendu parler de tout ça; mais maintenant que j’ai rencontré certains de ces fermiers j’ai envie de plus me pencher sur ce qui se passe derrière les marques et j’espère que ça me fera consommer différemment à mon retour.

    M’interroger sur la notion d’identité culturelle

    En tant que française, il y a des questions et des doutes sur l’identité qui ne m’ont jamais travaillée. Mais ils sont tres presents aux Philippines: les Philippins vivaient en tribus et en villages avant l’arrivée des Espagnols en 1521, et ce sont ces derniers qui ont créé – artificiellement - le pays « Philippines », accolant de là à de là des centaines de groupes ethnoculturels différents.

    Les Philippins s’interrogent sans cesse sur ce qui fait leur identité philippine : on le sent dans le grand nombre de phrases où ils disent « philippin », dans l’hymne national qu’ils chantent tout le temps, dans la façon dont ils expliquent leur comportement et leurs traditions. Parfois j’ai l’impression que c’est à eux-mêmes qu’ils s’expliquent et se racontent, que c’est eux-mêmes qu’ils essaient de convaincre. Ici on me demande : « Comment tu vis le fait d’être française ? Est-ce que les Français sont fiers d’être français ? »

    Je ne peux pas parler pour la population entière, mais j’ai l’impression que si nous avons une opinion sur le fait d’être français elle est plutôt négative. En France, rien ne va, le système est pourri, les (autres) Français sont stupides… Mais est-ce que ce n’est pas justement parce que nous sommes surs de notre identité que nous pouvons la déprécier ? En tous cas, des chansons comme « Hexagone » de Renaud (Et le roi des cons sur son trône, il est Français ca j’en suis sûûûr) ne marcheraient jamais - mais alors jamais - aux Philippines…

    Comprendre le temps autrement

    J’en avais déjà un peu parle dans « ça passe/ça passe pas », mais aux Philippines la notion de temps est très différente. Elle ne s’explique pas vraiment avec une montre mais on peut l’illustrer ainsi :

    Monsieur Bleu et Monsieur Vert ont rendez-vous à 15h. Mais un vieil ami toque à la porte de Monsieur Vert à 14h et ils commencent à discuter.

    En France, Monsieur Vert finirait par mettre son ami a la porte en disant « Désolé, j’ai un rendez-vous important, je ne t’attendais pas, on se rappelle ? ». C’est le temps chronologique qui est important, il faut être au rendez-vous à 15h comme prévu parce qu’arriver en retard est un manque de respect.

    Aux Philippines, Monsieur Vert et son ami vont discuter jusqu’à ce que la conversation arrive à son terme. Monsieur Vert partira à son rendez-vous quand ce sera le moment et pas avant, ce serait un grave manque de respect envers son ami d’interrompre leur rencontre. C’est le moment qui est important.

    Au passage, « c’est le moment » dirige aussi les décisions à PeaceBuilders. Ça faisait 7 mois que je demandais à Kuya Dann d’aller visiter la région musulmane de Mindanao, c’était un peu l’origine de la mission et je trouvais qu’il était temps. Mais nous y sommes allés pour la première fois il y a deux semaines ! Jusqu’ici, « ce n’était pas le moment ».

    « Le moment », il se signale par des petits indices : la voiture est réparée, on m’a invité un prendre un café, ma réunion s’est annulée… Parfois ca m’agace, je me dis que si on prenait en main notre emploi du temps on serait plus efficace, et la notion de « moment » me semble assez subjective et fugace. Mais je dois aussi avouer que quand « c’est le moment », c’est vrai que tout s’emboite de façon étonnante!


  • Commentaires

    1
    PapMam
    Vendredi 28 Novembre 2014 à 09:42

    Un an! C'est fou comme le temps passe.....(oui je sais...c'est banal comme remarque yes). C'est effectivement important de nous rappeler nos responsabilités de consommateurs, on n'a pas toujours conscience des dégats de la mondialisation et de la globalisation! 

    2
    Mel
    Jeudi 4 Décembre 2014 à 19:19

    Merci pour ce beau partage. J'aime particulièrement la citation sur les émotions, je la garde dans un coin de ma tête :)

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