• Le rythme est assez intense en ce moment (vous l'aurez peut-etre remarqué), et alors qu'on se prepare a partir pour une autre aventure a Bukidnon (on m'a parlé de sacrifice d'animal, ca fera surement un bon post) je ne veux pas me laisser dépasser par les evenements au point d'oublier de vous raconter l'accomplissement majeur de mes 3 semaines a Ormoc: j'ai nommé le balut!

    J'étais arrivée prévenue aux Philippines: une de leurs specialités culinaires est le "balut", c'est un foetus de canard avorté dans l'oeuf, poché et dont les philippins raffolent. C'est aussi une bombe a cholesterol.

    Avant de partir j'étais allée jusqu'a faire mesurer mon cholesterol avec l'espoir secret qu'il serait problématique et que ca me donnerait une excuse super pour ne pas essayer ce truc atroce. Pas de bol tout allait bien.

    Alors j'ai décidé que je n'avais pas besoin d'excuse, que je n'avais rien a prouver a personne et que je passerai tout simplement mes 18 mois aux Philippines a resister a la pression. Vous vous souviendrez peut-etre que 2 de mes invités de février (Amandine et Jean-Sam) avaient été plus aventuriers que moi et en avaient mangé un soir. Voir les baluts de pres m'avait renforcé dans ma décision de ne jamais essayer, il faut dire que c'est vraiment horrible.

     

    Le balut!

    (et c'est de loin pas la pire photo que j'ai trouvée sur internet!)

    Mais en arrivant a Ormoc, j'ai réalisé que mes autres barrieres alimentaires commencaient a tomber. J'étais passée de:

    "OK Salomé, le poisson en sauce de hier pour le petit dejeuner a 6h du matin tu peux le faire, concentre toi, souris a la cantonnade, tout va bien, meme s'il a passé la nuit hors du frigo ca devrait aller" a "Trop cool il reste du poisson de hier! Mmmh!" Et de "Non merci je ne mange pas de fruits de mer" a "Elles sont super bonnes tes nouilles crevette-calamar" (aussi au petit dejeuner d'ailleurs).

    Et je me suis dit que finalement j'etais peut etre prete a affronter le boss de fin... le balut! D'autant plus que mes collegues philippins semblaient vivre mon refus du balut comme un affront personnel. A Ormoc, l'arrivee de Sean le bénévole americain qui-adore-le-balut et qui-parle-bisaya-mieux-que-moi-alors-qu'il-est-seulement-la-depuis-mars m'a décidée. L'esprit de competition, moi? 

    Le balut!

    Un soir de la formation des pasteurs, alors qu'un des amis de Sean est en visite, Kuya Dann lance le defi balut, et c'est parti. On va dans le coin le plus sombre du port, et je veille a ne pas regarder ce que je suis en train de manger. Le gout en lui-meme est pas si mal, c'est un drole de mélange entre oeuf et poulet. Mais il m'a fallu toute mon énergie mentale pour ne pas penser a la texture et repousser les questions comme "ce petit morceau rond, je me demande si c'est le crane?"

    Bref, je suis fiere d'avoir testé le balut... Mais plus jamais, cette fois c'est sur! 


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  • Une de mes missions ces dernières semaines à Leyte était de rapporter des histoires. Voilà la première.

    Nous sommes allés visiter l’église de Christ Faith Fellowship un jour de semaine, sur l’invitation de Pasteur(e?) Lolita. J’espérais y trouver peut-être un ou deux volontaires qui raconteraient leur histoire de typhon, et avais mentionné ce projet à Lolita. Mais à notre arrivée, quelle surprise de voir l’église aux 3/4 pleine! L’heure de visite prévue est devenue un après-midi complet, que nous avons passé a recueillir les histoires. Les voilà, en patchwork.

    Le typhon inattendu

    JilenePorferiaDans de nombreuses histoires revient le fait que personne ne s’attendait à un tel typhon. Ce n’est pas qu’ils n’avaient pas reçu les alertes, mais tous les trouvaient dures à croire. Jilene, une mère au foyer de 47 ans, avait déjà vécu de nombreux typhons et pensait que les alertes étaient exagérées: aucun typhon ne pouvait pas être aussi puissant! Porferia, grand-mère et jardinière de 63 ans, avait dit à son mari de ne pas s’inquiéter autant, et que le typhon annoncé ne viendrait sans doute pas du tout. Daya Mae, jeune mariée de 19 ans, était enceinte à ce moment-là, et passait la matinée avec son mari au bord du lac dont sa famille s’occupe. Quelques rares anxieux, comme Marlyn, une cultivatrice de légumes de 57 ans, avaient préparés de la nourriture pour tenir le temps du typhon; mais la plupart n’avaient rien prévu du tout. Leurs maisons, celles des voisins, le centreHistoire de typhon #1: Patchwork

    d’évacuation… SosemaRien n’était préparé à affronter le typhon, qui a tout détruit. Les gens couraient d’un endroit à l’autre à la recherche d’un abri, se protégeant des débris sous un matelas, une bâche ou un parapluie. Sosema et son petit-fils ont fini par attendre la fin de la tempête au bord de la route, quand ils n’avaient plus nulle-part où aller.

     

     

     

    L’oeil du cyclone

    AnesitaElisabethQuand il est arrivé, le typhon a frappé en 2 fois, séparées par un calme inquiétant. Anesita a vu son toit s’envoler et les cocotiers tomber. L’un d’eux l’a frappée à la tête en traversant son mur. Son mari, qui était allé s’abriter ailleurs, est revenu la chercher pendant l’œil du cyclone et a pu la porter jusqu’à la maison de son frère, qui était restée debout. Elisabeth, 45 ans et mère célibataire de 5 enfants, a prié, prié pour que le cocotier près de leur maison tombe de l’autre côté de la route. Elle a quitté le centre d’évacuation pendant l’entre-deux calme pour vérifier l’état de sa maison: sa prière avait été exaucée et elle a pu rapporter des noix de coco à ceux qui étaient restés dans l’abri.

    La main de Dieu?

    DurenaDanilo et MercyA Christ Faith Fellowship, beaucoup sont ceux qui voient la main de Dieu dans le typhon. Durena, Danilo, Jilene et Eligeo sont 4 des membres de l’église qui racontent avoir confié leur vie à Dieu pendant le typhon. Ils disent que Yolanda leur a « ouvert les yeux ». Danilo, fermier de 44 ans et père de 6 enfants (dont l’aînée est Daya Mae, la jeune mariée du début) était alité quand Yolanda a frappé, se remettant d’une blessure infectée. Sa femme Mercy, à qui il avait jusque là interdit d’aller à l’église, a prié pour que leur maison résiste à la tempête et que Danilo soit protégé. Seule leur cuisine a été détruite.

    L’espoir d’un gagne-pain

    MarlynJoseYolanda n’a pas seulement détruit les maisons et les cocotiers, mais aussi les moyens de subsistance. Marlyn a vu son échoppe à légumes être soulevé par la tempête puis emporté par les flots. Le stand de barbecue d’Anesita a subi le même sort. Elisabeth était esthéticienne à domicile mais a perdu tout son matériel. Jose (63 ans), Oscar (49 ans) and Vilma (43 ans) travaillaient comme main-d’œuvre à louer dans les champs de riz et les jardins. Mais Yolanda a tellement pris que peu peuvent encore s’offrir leurs services. Et les histoires continuent… Aujourd’hui, ils rêvent tous d’un petit capital pour lancer un business. Du bétail par exemple: Marlyn, Elisabeth, Jose, Durena souhaiteraient avoir des cochons à la maison; alors qu’Anesita, Jilene et Porferia préféreraient des poulets. D’autres, comme Vilma, Mercy, Danilo et Daya Mae envisagent plutôt un « sari VilmaJoy-Leensari store », ces minuscules épiceries de quartier qui vendent de tout. Mais ces projets semblent si loin quand la majorité d’entre eux vivent encore sous des bâches, à 6 mois du typhon…

    PeaceBuilders et les pasteurs d'Ormoc réfléchissent actuellement à la meilleure façon de monter une ferme/coopérative pour répondre à ces recherches de subsistance.


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  • Je vous avais laissé il y a 3 semaines avec une promesse que je n'ai toujours pas tenue: celle de raconter le rituel de reconciliation! C'était épique! Mais d'abord:

    Le contexte:

    *Disclaimer: L'histoire Philippine est confuse, pleine de theories contradictoires rédigées par les différents vainqueurs. En plus je travaille plutot avec des révolutionnaires. J'ai essayé de faire un résumé simple et objectif, mais je suis consciente de n'y être pas tout a fait. Bref ne me citez pas sur le sujet*

    Sur l'île de Mindanao, les conflits de territoire sont nombreux. Je vous avais deja parle de ceux impliquant les musulmans, voila l'occasion de donner quelques infos sur les conflits de territoire avec les tribus indigenes.

    Les Philippins se repartissent entre "groupes ethniques" et "tribus indigènes". J'ai pas vraiment compris la difference profonde, mais il semble que les 'groupes ethniques" sont plus nombreux et ont adopté en partie la culture des envahisseurs successifs. Ils se reconnaissent à leur langue et leur zone d'installation: les Tagalogs à Luzon (autour de Manille), les Bisaya plus au sud... Les "tribus indigènes" sont moins étendues et tentent plutôt de préserver leur culture d'origine. Ils vivent typiquement dans les hauts plateaux.

    Ils faisaient tranquillement leur vie sur leurs terres ancestrales quand des fonctionnaires americanisés à Manille ont inventé les titres de propriété et les ont distribués largement à tous les volontaires: l'idée était de donner des terres aux gens "civilisés" pour qu'ils aillent raffiner les sauvages de Mindanao. Bien evidemment ca s'est pas toujours bien passé, et Mindanao en subit encore les consequences. On parle maintenant des 3 peuples de Mindanao: les Lumad (ensemble des tribus indigènes); les Moros (peuple musulman) et les Migrants.

    Retournons au cas des Talaandig. Voila les morceaux que j'ai pu rassembler d'une histoire qui est racontée un peu différemment a chaque fois, j'espère lui faire honneur.

    Il y a plus de 100 ans, une université est venue s'installer sur leurs terres. Elle a coupé leurs arbres, puisé dans leurs sources etc. La tribu s'est défendue comme elle pouvait, et chaque generation voyait arriver un héros qui bombait l'universite ou tirait sur l'un ou l'autre professeur. Le conflit a fait 35 morts: 10 chez les migrants et 25 chez les Talaandig. Chaque partie considère que l'autre est responsable des morts. Il y a 3 mois, des chercheurs sont partis dans la forêt faire une recherche sur les plantes sacrées des Talaandig. Les chercheurs avaient demandé toutes les autorisations officielles (au gouverneur de la province, au conseil d'administration de l'universite...) mais avaient zappé le Datu, le chef de tribu, qui n'a pas de reconnaissance officielle. Les Talaandig, furieux de voir leurs terres envahies et leurs traditions publiées, avaient arrêté les chercheurs et le conflit est reparti de plus belle.

    Mais a ce moment la, il y avait au conseil d'administration un pasteur qui faisait partie de l'equipe PeaceBuilders a Valencia, et il a suggéré d'aller discuter avec les Talaandig plutot que de sonner les trompettes. En parallèle, PeaceBuilders avait déjè de bons contacts avec les Talaandig puisqu'ils font partie des premiers cultivateurs de café à avoir été formés. Ainsi a commencé la demarche de mediation entre l'Universite et les Talaandig.

    C'est intéressant de noter que nous avons l'habitude de resoudre le probleme a l'origine du conflit avant de décider de patcher la relation. Les Talaandig fonctionnent a l'inverse: ils font une demarche de reconciliation d'abord, puis construisent sur la confiance pour resoudre les problèmes.

    Donc la démarche de médiation a entrainé une decision de reconciliation, et comme les tribus indigènes aiment les rituels, ils ont organisé un rituel de reconciliation.

    Un rituel chez les Talaandig

    Datu Vic signe l'accord de paix

    Le rituel

    Les conditions de la réconciliation était que l'université donnerait pour prouver sa bonne foi un couple de buffles et de vaches aux Talaandig, et fourniraient le cochon et les poulets du sacrifice.

    Nous avons rendez vous à 6h du matin pour le début du rituel. Le cochon est déja la, il mange un balai dans une camionnette, parfaitement ignorant du sort qui l'attend. Quand vers 9h un groupe de gars le ligote et le couche à terre, il doit commencer a se douter de quelque chose parce qu'il couine à fendre l'âme. Par-dessus les cris, Datu Vic (le responsable religieux de la communauté) parle et explique ce qu'il va se passer.

    Bai Lisa, sa femme, coupe des petits morceaux de gingembre qui sont distribués au public. Nous les machouillons et les lançons sur le cochonnet: ce sont les sentiments negatifs dont nous nous debarassons. Puis Datu Vic prie, la main en direction du porc, pendant que toute l'assemblée s'organise en un filet de mains sur des épaules. Apres la prière, Datu Vic tue le cochon d'un coup d'épée dans le coeur (la pauvre bête n'a aucune chance de s'en sortir).

    Nous sommes tous invités a venir toucher le sang du doigt: c'est la dernière fois que nous aurons du sang sur les mains, et donner un coup de pied au cochon mort: la dernière expression de colère.

    Un rituel chez les Talaandig

    Pres Sullivan (la présidente de l'université) et Datu Saway (le responsable politique des Talaandig) fêtent la réconciliation

    Pendant que le cochon - et les poulets qui sont morts en meme temps - cuisent, nous nous installons dans le "Hall of Peace" pour une longue attente. J'en profite pour piquer un somme par terre parce que (j'ai du bol) c'est tout a fait socialement acceptable de dormir pendant que le Datu parle. Vers midi, les femmes arrivent avec la viande sur une assiette. Tout le monde se regroupe autour de la table du Datu et prend un morceau de viande avec les doigts, c'est la fin de la cérémonie.

    Nous nous asseyons ensuite aux tables pour un banquet en bonne et due forme. Apres le repas, des joueurs de tambour montent sur scene et les Talaandig dansent dans la salle. Leur danse traditionnelle est celle du faucon: on sautille legerement tout en mimant des bras un oiseau qui vole. Je suis invitée a danser, puis a jouer du tambour sur scène: les Philippines m'entraînent décidément dans des situations inhabituelles!

    la danse du faucon


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  • C'est amusant de voir les petites differences culturelles, celles qui ne font pas un livre mais qui surprennent au quotidien... Morceaux choisis de mes perplexités:

    Ca passe en France/Ca passe pas aux Philippines

    Les bretelles de soutien gorge apparentes

    En France c'est pardonnable, sinon acceptable. Ici quand par malheur mes bretelles dépassent il y aura toujours une bonne âme pour me le faire remarquer, ou juste me rhabiller sans crier gare. 

    Les mains sur les hanchesPrise en flagrant délit

    Ou prendre de l'espace en general. C'est trop d'assurance pour une société subtile, et pas toujours tres bien vécu. Moi qui aime m'asseoir avec les fesses sur une chaise, les pieds sur les barreaux de celles de droite et le bras sur le dossier de la chaise de gauche, je me retrouve souvent au centre d'un grand espace vide à table. Je m'entraine à mettre les mains dans mon dos à la place, mais ca reste un exercice difficile. (Par exemple sur la photo j'avais oublié)



    Dire "viens-la" avec le doigt

    C'est vulgaire d'utiliser son index pour demander a quelqu'un de se rapprocher. C'est (je cite) "pour les chiens et les femmes de mauvaise vie". Les gens bien comme il faut font "Viens la" avec la main entière, paume vers le bas... Le même geste qu'en France pour dire "dégage" :)

    Aller a un rendez vous sans prévenir qu'on est en route

    Comme personne ne s'attend à ce que tu ailles (et encore moins que tu sois à l'heure) au rendez vous que tu as fixé, il faut prévenir que tu es en route. Je l'ai appris quand (alors qu'on etait censés se retrouver à 18h) j'ai recu un texto à 18h qui disait "T'es toujours occupée la?" "Ben non je suis au point de rencontre comme on avait dit, toi t'es ou?" "Ben chez moi!"

    Ca passe aux Philippines/Ca passe pas en France

    Le bruit

    Il m'en a fallu du temps pour m'habituer à ça! Le niveau sonore acceptable est bien plus élevé qu'en France. Même dans les restos qui visent chic, c'est tout a fait courant d'avoir la musique officielle dans la salle, plus celle du serveur qui a mis son téléphone ou son ordinateur à fond, plus celle du cuisinier par la porte ouverte. Plus les enfants qui crient sans que personne ne semble le remarquer. Les jours où je me sens moins solide ca reste ce qui m'agace le plus.

    Le poil aux pattes

    C'est pas tres bien vu en France, les autres filles lanceront des regards de travers... Ici no problemo, même les jolies filles toutes pomponnées en haut ont parfois les jambes poilues et ca a l'air de gêner personne

    Etre très tactile

    L'espace personnel (si le concept existe) est beaucoup, beaucoup plus restreint ici, et le contact physique plus qu'acceptable (entre personnes du meme sexe). C'est tout à fait normal d'avoir le bras autour de la taille d'une vague connaissance, ou de voir deux gars marcher avec la main sur l'epaule ou la nuque de l'autre. A Leyte, une pasteure (100% hétéro) (que je connaissais à peine) a prié pour moi avec sa main sur mes fesses, he ben je peux vous dire que j'étais pas super à l'aise...

    Faire un bruit de bisou pour appeler quelqu'un

    Ici pour attirer l'attention, le truc c'est inspirer de l'air avec la bouche en cul de poule, comme en France quand on appelle un chien. Pour dire au chauffeur de s'arrêter, attirer le chaland, demander de l'eau au serveur, on smacke. Ca marche aussi de faire "tsstsss". Au debut je me retournais au bruit: "Mais qui a le culot...?" Maintenant si j'ai besoin d'un tricycle, je smouicke comme tout le monde


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  • Quand j’avais mentionné dans la partie « hobbies » de mon dossier PeaceBuilders que je faisais des savons maison, je n’imaginais pas du tout la proportion que ça prendrait :) Joji est fan de l’idée et me promeut à tout venant ! C’est comme ça que je me suis retrouvée invitée chez les Talaandig une fois de plus, cette fois pas pour assister à un rituel mais pour une formation « savon » avec des femmes qui cherchent à développer leurs gagne-pains.

    Forte de l’expérience de Leyte (et de son très mitigé succès) j’ai passé les deux semaines précédant la formation à élaborer une différente façon de transmettre le savon. Je vous passe les détails techniques mais j’ai fini avec quelque chose de correct, en éliminant les explications chimiques sophistiquées et en utilisant du matériel facile à trouver et des huiles abordables. On perd en créativité et rapidité, mais on gagne en simplicité et reproductibilité.

    Tous les premiers samedis du mois les Talaandig se réunissent dans le Hall of Peace, nous avons donc fixé la date au premier samedi de juillet à 15h. Sherel (Quidz) avec qui j’étais déjà à Ormoc, m’accompagne, et Ate June et Kuya Clay, deux pasteurs et volontaires PBCI basés à Valencia nous conduisent. Ate June a organisé la formation avec Bae Liza, la femme du Datu. Zélés, nous arrivons avec 1h d’avance…pour découvrir qu’un rituel bat son plein dans la salle qu’on pensait occuper, et qu’il n’est pas près de finir.

    *Intermède occupe par une visite des artistes de la tribu qui sera le sujet d’un prochain post*.

    Deux heures plus tard il va bientot faire sombre et le rituel n’est pas fini. Quidz et Ate June arrivent à négocier un changement de salle et nous nous installons dans une salle de classe.

    N’imaginez pas (comme moi quand on m’a dit « salle de classe ») des rangées de bancs et de chaises ou un tableau noir pour expliquer facilement. Dans cette pièce à l’étage d’une maison en bambou, il y a une petite table surchargée dans un coin, et deux banig (tapis de feuilles tressées) par terre. Nous nous asseyons en rond pour le rituel d’accueil (qui est bref, Dieu merci : on dépose chacun un peso sur une assiette et on mange un bouton de fleur pendant la prière) et la formation peut commencer.

    Formation savon avec les mères Talaandig

    C’était chouette comme tout, ces femmes sont vraiment incroyables ! Elles ont beaucoup d’humour et d’idées et j’ai passé un très bon moment. Je craignais un peu pour les chiens et les enfants qui nous tournaient autour pendant qu’on manipulait des produits chimiques dangereux, mais après les consignes de sécurité (ou j’ai bien insisté sur les risques), les chiens ont disparu et les enfants se sont assis. On a coloré les savons avec la terre de leur sol, que les artistes utilisent pour peindre. J’ai vraiment eu le sentiment de « mission accomplie » quand à la fin, une des femmes a lancé à la cantonade « Rendez-vous ici samedi prochain à 7h pour refaire du savon ensemble ! »

    Formation savon avec les mères Talaandig


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