• Pour mon plus grand plaisir, Gregoire et Perrine sont a Davao depuis samedi dernier. Je les accueille dans ma maison, dans ma vie ici, et pourquoi pas, allez hop sur mon blog!

    Jeudi 27 nov : le voyage

     Jeudi 27, Perrine et moi quittons Strasbourg pour des contrées ingrates et désertiques. Ce passage désagréable ne dure pas : la Lorraine est traversée en quelques heures. Un dernier thé chez les parents Haldemann, et nous voici dans l’avion de 21h15 pour Dubaï. Un vol sans histoire, nous atterrissons pour une escale de 12h dans le pays du luxe à l’excès. Nous repartons le soir pour un autre vol de nuit, atterrissons à Manille à 7h heure locale, et minuit pour nos paupières. Après un peu de suspens, notre vol est enfin annonce. Dernier voyage jusqu’à Davao, où nous attendent Salomé et Byron (le fils de Dann et Joji et manager de la filière café), qui ont eu la persévérance de nous attendre malgré le retard de notre vol.

    L’après-midi est un peu floue… Nous partageons un repas à Coffee For Peace en compagnie de Daniel et Joji Pantoja. La conversation est joviale, nous parlerons des choses sérieuses un autre jour. Il ne fait pas aussi chaud que ce que nous redoutions, mais la clim’ est quand même agréable. Nous prenons nos quartiers chez Salomé, déballons tous les cadeaux transmis par les amis et la famille, et fermons nos yeux dans un lit autrement plus confortable que les sièges d’avions.

    Dimanche 30 nov : On bulle!

    Dimanche 30 novembre, c’est LA journée qui nous permet d’atterrir. Avant de continuer, je voudrais préciser que les Philippines ne ressemblent à aucun autre pays que j’ai pu visiter. On retrouve certains éléments connus d’ailleurs : la moto est très utilisée pour se déplacer, les tricycles (variante locale du tuk-tuk) également. Des mini-échoppes sont alignées le long des routes. A cote de cela, il y a des cinémas, des centres commerciaux, des restaurants bio -et aussi des mini-échoppes bio- et des centres de vacances en bord de mer. Bref, on tombe sur des infrastructures « de luxe » utilisées par les philippins, je n’y ai croisé aucun occidental. J’en arrive à notre dimanche : avec d’autres volontaires et humanitaires nous passons la journée à la mer. Les fonds marins sont magnifiques, les fruits sont délicieux, les paysages sont ceux d’une ile paradisiaque. Juste une exception sur les fruits délicieux : il y en a un qui sent le pneu brulé au diesel et qui fait la fierté des philippins. Le durian. Un de ces quatre il faudra bien y gouter mais pour l’instant on profite des mangues, ananas, noix de coco et autres bananes.

    En discutant avec les volontaires je découvre que la problématique de la paix aux Philippines préoccupe plusieurs pays : ils viennent d’Allemagne, du Canada, des Etats-Unis. Au premier abord, cela me semble étrange, mais après tout ce n’est pas plus logique d’y envoyer une française.

    Special guests! Journal de bord de Greg et Perrine

    Initiation a la plongee!

    Lundi 1er décembre : Visite du bureau

    Nous arrivons dans les bureaux de PBCI : PeaceBuilders Community Incorporated. En fait, c’est aussi le lieu de tri et préparation du café. Nous y rencontrons effectivement une communauté, du genre de celles qui s’ouvrent aux autres et qui essaiment. Les repas sont pris ensemble, et chacun est à sa tâche. Réceptionner, trier, torréfier, réparer les fours (dit comme ça, ça ressemble à une usine à gaz mais la plupart des étapes est faite à la main dans les jardins du bureau Y COMPRIS LE TRI DES GRAINS[1]) organiser les formations de réconciliation, faire des recherches pour comprendre le cœur d’une problématique entre telle tribu et le gouvernement, publier un article sur la manière anabaptiste de gérer les conflits, répondre aux commandes de café… Tout cela a l’air très intriqué, c’est normal c’est le cas !

    L’après-midi, Kuya Dann (littéralement grand frère Dann) nous donne un aperçu de la théologie et de ses applications pour PeaceBuilders. Au début, ils travaillaient particulièrement avec les musulmans[2]. Ils ont ensuite été appelés a travailler avec les chrétiens pour qu’eux aussi désirent la paix et travaillent pour la paix. J’ai été frappé par le respect et l’amour que les PeaceBuilders ont pour les musulmans. Déstabilisé, même. Ils prêchent la paix, vont à la rencontre de leurs besoins (par exemple quand les populations fuient les combats). Ils veulent témoigner de l’amour du Christ aux musulmans, mais sans forcément chercher à les « convertir ». Ils ont ainsi gagné leur confiance et leur estime, ce qui a permis de guérir les relations entre le « CNEF » philippin et les musulmans. Cela a ensuite participé à l’établissement d’accords de paix historiques.  Kuya Dann raconte qu’il lui a fallu 6 mois pour gagner la confiance d’une famille (qui le considère maintenant comme un fils), 2 ans pour avoir celle des autres musulmans et 3 ans pour convaincre les chrétiens que sa foi n’était pas compromise.

    C’est une grande leçon d’humilité, qui nous invite à changer notre manière de penser l’évangélisation. La paix, c’est l’évangile, comme disent les mennos. Et elle est poursuivie avec la même ardeur et la même discipline que ceux qui veulent la guerre.

    Jeudi 4 décembre : Alerte Typhon

    Il y a une alerte jaune depuis hier. Les probabilités augmentent qu’un typhon de force 4 touche les Visayas, au centre des Philippines (rassurez-vous, nous nous trouvons a environ 500 km de là). (Pour mémoire, le typhon Hayan de l’an dernier était de force 5, dernier barreau de l’échelle Saffir-Simpson) La force du typhon est une estimation, il peut prendre de la vitesse comme il peut en perdre. Les dernières nouvelles évoquent des vents soufflant en moyenne à 175km/h avec des pointes à 210. On est loin des pointes à 350km/h de Hayan, mais tout le monde est sur le qui-vive. Il devrait arriver ce week-end, et tous se préparent : aux Visayas, des consignes sont données aux responsables des écoles : accrocher les toits à la corde, condamner les fenêtres, couper les branches des arbres près des habitations. Des files se forment devant les magasins et les stations-service.

    Du cote de PBCI, on se prépare également : tous les scenarios ont été évoqués en fonction de l’évolution du typhon ; deux équipes s’organisent dans l’éventualité d’une catastrophe : l’une sera dédiée a la logistique et restera a Davao, l’autre ira directement sur place, pour venir en aide aux populations touchées.

    En attendant, on se prépare aussi a une soirée mannele :) . Je ne relate ici que la partie « PBCI » de notre voyage, mais nous profitons vraiment de la ville, des films avec les expats, des parcs naturels et des spécialités culinaires du pays.

    A bientôt pour la suite !

    Grégoire (relu et corrigé par Perrine)

     

     

     

     



    [1] Une petite pensée pour Jelsyn qui doit trier 1,7 tonnes de café d’ici janvier

    [2] Des groupes séparatistes musulmans se battent depuis des années contre le gouvernement pour l’autonomie de leur territoire. Ce conflit est souvent perçu comme un conflit entre les musulmans et chrétiens. PeaceBuilders est né pour reconstruire des relations entre les antagonistes.


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  • Trente ans!

    Merci énormément à vous tous qui y avez pensé, pour les mails, textos, et autres messages !


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    Hagupit, le 'Coup de fouet'

    PeaceBuilders publie mensuellement une lettre de nouvelles de la mission, mais le typhon Hagupit/Ruby a eu droit à sa propre édition. Une fois n’est pas coutume, je l’ai traduite en français : elle donne des informations quotidienne sur l’alerte puis l’arrivée du typhon, avec les nouvelles en direct de notre équipe sur place. Vous la trouverez ici.

    Grace a une excellente préparation pré-typhon, Hagupit a finalement fait peu de morts (les rapports diffèrent mais indiquent tous moins de 30 personnes), mais le bilan financier est important. Hagupit a frappé les mêmes iles que Hayan, et est tombe sur des champs et des cultures qui se remettaient tout juste de l’an dernier. Les habitants de ces iles, déjà appauvris par Hayan, ont à nouveau perdu ce qui leur permettait de survivre.

    Mais, à cause du faible cout en vies humaines, et peut-être en comparaison avec Hayan, il semblerait que Hagupit se soit fait une réputation de ‘pas trop grave’ et notre équipe sur place ne discerne que très peu d’aide internationale. 7 jours après, certains villages n’avaient encore vu personne. Les habitants y portent toujours la tenue qu’ils avaient quand le typhon a frappé, car leurs autres vêtements sont perdus dans la boue. Par les voies officielles, ils ont eu à manger pour 2 jours mais personne n’est revenu. Il semblerait que tout le monde ait déjà lâché l’affaire.

    Hagupit, le 'Coup de fouet'

    J’ai des sentiments mitigés par rapport à tout ça. Depuis le bureau a Davao, nous essayons d’attirer l’attention sur la situation et de plaidoyer pour les survivants : on transmet les histoires personnelles, on fait des affiches, on appelle aux dons et aux volontaires… Mais j’ai un peu l’impression de crier dans le vide. Il faut dire qu’entre Ebola, les attaques des Talibans au Pakistan, la menace ISIS, et les vacances de Noel, tout le monde a autre chose à penser. Et quel sens y a-t-il à militer pour des gens qui reperdront peut-être tout l’année prochaine ?

    Finalement, prendre trop de recul, que ce soit géographique ou temporel, c’est un peu la mort de la motivation. La clé c’est de rester à hauteur humaine, de voir la personne pour qui notre action a fait une différence, et de se nourrir de ca pour continuer… Allez, j’y retourne !

     


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  • Les survivants du Barangay Siha, Borongan, Samar Oriental, rentrent chez eux avec un repas chaud dans la casserole et plusieurs jours de nourriture


    J’ai un peu abandonné mon blog ces derniers temps, laissant tout le monde en suspens sur un appel à l’aide après le typhon. Maintenant que j’ai quelques jours avec une double disponibilité (de temps et d’esprit), il est grand temps que je vous donne quelques nouvelles !

    Cela fait maintenant plus de 2 mois que le typhon Hagupit a frappé les Philippines, notamment en Samar Oriental. Juste avant le Nouvel An, une tempête tropicale a traversé cette même région. Puis le 27 janvier, un autre typhon. Ces deux derniers fléaux ont eux aussi pris des vies, causant coulées de boue et crues rapides dans les provinces de Leyte et Samar, détruisant routes, ponts et abris de fortune.

    PeaceBuilders, qui a fait ses classes « d’opérations de secours » dans des zones désastrées par la guerre, a une base à Leyte et Samar depuis Yolanda, le supertyphon de novembre 2013. Pour les secours post-Hagupit, nous travaillons là-bas en partenariat avec Mennonite Central Committee (MCC) et Philippine Council of Evangelical Churches (PCEC). Enfin, je dis «nous» mais celle qui est vraiment sur place c’est Kriz ! Elle y est entourée d’une flopée de pasteurs volontaires qui avaient été formes en équipes de réponse au désastre après Yolanda. Avec les typhons qui passent et qui repassent, PeaceBuilders a décidé de concentrer ses efforts sur le secours d’urgence : nourriture, ustensiles de cuisine, vêtements, kits d’hygiène et lampes à énergie solaire. Deux organisations-filles de PCEC, iHELP et Philrads, ont donné de très nombreux kits à distribuer. Suite aux 3 catastrophes et à la destruction des routes et des ponts, de nombreuses communautés se sont retrouvées très isolées : ce sont elles qui voient le moins de secours et c’est vers elles que nous avons décidé d’aller.

    Pour ceux d’entre vous qui ont vu passer l’appel à dons de la Caisse de Secours, c’est là que va être utilisé l’argent. Nous connaissons déjà les communautés les plus vulnérables et nous avons reçu des biens à distribuer : vos dons seront utilisés pour financer le transport de toutes ces marchandises. Ils doivent parfois même louer un bateau pour atteindre certains villages! J’avoue que ce n’est pas très glamour de financer les transports, mais c’est crucial, promis !

    Pour ceux qui n’ont pas vu passer l’info mais qui souhaitent aider, vous pouvez faire un don : il vous suffit de faire un chèque à l'ordre de "AEEMF Caisse de Secours", avec au dos une indication du type "PB, typhon Philippines". Vous pouvez ensuite envoyer le chèque au trésorier de la Caisse de Secours:

    Raymond Kauffmann
    32, rue de Zillisheim
    F-68720 Hochstatt

    Une autre possibilité est d'effectuer un virement bancaire:

    • AEEMF, 32, rue de Zillisheim, F-68720 Hochstatt
    • Credit Agricole Alsace Vosges
    • RIB: 17206 - 00550 - 01212800011 - 30
    • IBAN: FR76 - 1720 - 6005 - 5001 - 2128 - 0001 - 130

    Les donateurs doivent alors indiquer leur identité précise (nom, prénom, adresse) au moment d’effectuer le virement.

    Les opérations de secours de PeaceBuilders se termineront à la fin du mois de février, suite à quoi nous passerons la main à d’autres ONG pour l’aide à plus long terme. Il est maintenant nécessaire d’aider les habitants de ces régions à développer de nouvelles sources de revenus, et à construire des abris solides.


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  • Février, mars et le début d’avril ont passé à une vitesse incroyable, ça doit être la proximité grandissante de mai qui fait ça. Je ne voulais pas laisser mon blog dépérir et faire semblant de l’avoir oublié, mais plus le temps passe plus les posts s’accumulent et rattraper mon retard devient une tâ  che dantesque. Alors j’ai décidé de ne plus m’attarder sur la liste de tous les posts que je n’écris pas, mais plutôt d’en choisir un et de m’y mettre. Si tout va bien, d’ici quelques semaines je serai (un peu plus) a jour ! Souhaitez moi bon courage!


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