• Histoire de typhon #1: Patchwork

    Une de mes missions ces dernières semaines à Leyte était de rapporter des histoires. Voilà la première.

    Nous sommes allés visiter l’église de Christ Faith Fellowship un jour de semaine, sur l’invitation de Pasteur(e?) Lolita. J’espérais y trouver peut-être un ou deux volontaires qui raconteraient leur histoire de typhon, et avais mentionné ce projet à Lolita. Mais à notre arrivée, quelle surprise de voir l’église aux 3/4 pleine! L’heure de visite prévue est devenue un après-midi complet, que nous avons passé a recueillir les histoires. Les voilà, en patchwork.

    Le typhon inattendu

    JilenePorferiaDans de nombreuses histoires revient le fait que personne ne s’attendait à un tel typhon. Ce n’est pas qu’ils n’avaient pas reçu les alertes, mais tous les trouvaient dures à croire. Jilene, une mère au foyer de 47 ans, avait déjà vécu de nombreux typhons et pensait que les alertes étaient exagérées: aucun typhon ne pouvait pas être aussi puissant! Porferia, grand-mère et jardinière de 63 ans, avait dit à son mari de ne pas s’inquiéter autant, et que le typhon annoncé ne viendrait sans doute pas du tout. Daya Mae, jeune mariée de 19 ans, était enceinte à ce moment-là, et passait la matinée avec son mari au bord du lac dont sa famille s’occupe. Quelques rares anxieux, comme Marlyn, une cultivatrice de légumes de 57 ans, avaient préparés de la nourriture pour tenir le temps du typhon; mais la plupart n’avaient rien prévu du tout. Leurs maisons, celles des voisins, le centreHistoire de typhon #1: Patchwork

    d’évacuation… SosemaRien n’était préparé à affronter le typhon, qui a tout détruit. Les gens couraient d’un endroit à l’autre à la recherche d’un abri, se protégeant des débris sous un matelas, une bâche ou un parapluie. Sosema et son petit-fils ont fini par attendre la fin de la tempête au bord de la route, quand ils n’avaient plus nulle-part où aller.

     

     

     

    L’oeil du cyclone

    AnesitaElisabethQuand il est arrivé, le typhon a frappé en 2 fois, séparées par un calme inquiétant. Anesita a vu son toit s’envoler et les cocotiers tomber. L’un d’eux l’a frappée à la tête en traversant son mur. Son mari, qui était allé s’abriter ailleurs, est revenu la chercher pendant l’œil du cyclone et a pu la porter jusqu’à la maison de son frère, qui était restée debout. Elisabeth, 45 ans et mère célibataire de 5 enfants, a prié, prié pour que le cocotier près de leur maison tombe de l’autre côté de la route. Elle a quitté le centre d’évacuation pendant l’entre-deux calme pour vérifier l’état de sa maison: sa prière avait été exaucée et elle a pu rapporter des noix de coco à ceux qui étaient restés dans l’abri.

    La main de Dieu?

    DurenaDanilo et MercyA Christ Faith Fellowship, beaucoup sont ceux qui voient la main de Dieu dans le typhon. Durena, Danilo, Jilene et Eligeo sont 4 des membres de l’église qui racontent avoir confié leur vie à Dieu pendant le typhon. Ils disent que Yolanda leur a « ouvert les yeux ». Danilo, fermier de 44 ans et père de 6 enfants (dont l’aînée est Daya Mae, la jeune mariée du début) était alité quand Yolanda a frappé, se remettant d’une blessure infectée. Sa femme Mercy, à qui il avait jusque là interdit d’aller à l’église, a prié pour que leur maison résiste à la tempête et que Danilo soit protégé. Seule leur cuisine a été détruite.

    L’espoir d’un gagne-pain

    MarlynJoseYolanda n’a pas seulement détruit les maisons et les cocotiers, mais aussi les moyens de subsistance. Marlyn a vu son échoppe à légumes être soulevé par la tempête puis emporté par les flots. Le stand de barbecue d’Anesita a subi le même sort. Elisabeth était esthéticienne à domicile mais a perdu tout son matériel. Jose (63 ans), Oscar (49 ans) and Vilma (43 ans) travaillaient comme main-d’œuvre à louer dans les champs de riz et les jardins. Mais Yolanda a tellement pris que peu peuvent encore s’offrir leurs services. Et les histoires continuent… Aujourd’hui, ils rêvent tous d’un petit capital pour lancer un business. Du bétail par exemple: Marlyn, Elisabeth, Jose, Durena souhaiteraient avoir des cochons à la maison; alors qu’Anesita, Jilene et Porferia préféreraient des poulets. D’autres, comme Vilma, Mercy, Danilo et Daya Mae envisagent plutôt un « sari VilmaJoy-Leensari store », ces minuscules épiceries de quartier qui vendent de tout. Mais ces projets semblent si loin quand la majorité d’entre eux vivent encore sous des bâches, à 6 mois du typhon…

    PeaceBuilders et les pasteurs d'Ormoc réfléchissent actuellement à la meilleure façon de monter une ferme/coopérative pour répondre à ces recherches de subsistance.


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  • Commentaires

    1
    Papmam
    Jeudi 29 Mai 2014 à 10:06

    Ca prend toujours une autre réalité quand tu mets des visages et du vécu sur une catastrophe naturelle. Je trouve trés chouette le fait que l'église ouvre ces portes pour permettre à ces personnes de raconter leur histoire et de réfléchir à un projet avec tous. 

     

    2
    Al
    Lundi 9 Juin 2014 à 05:22

    Eh ben... j'ai honte de me plaindre de mes problèmes de plomberies et d'électricité... Comment tu gères d 'entendre de front toutes ces histoires? Dans combien de temps la ville sera t elle " opérationelle" à nouveau?

    3
    Lundi 9 Juin 2014 à 09:01

    @ Al: Je sais pas trop, j'ai l'impression qu'il faudra bien un an ou deux (s'il n'y a pas de nouveaux typhons entre temps)... Et pour les histoires, en general elles sont plutot supportables (comparees a d'autres) et je suis plutot soulagee. Et aussi, les gens sont etonamment positifs dans la facon dont ils racontent, ce qui aide a ne pas pleurer.

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